Apprendre à apprendre ou ce que mémoriser veut dire !
Compte-rendu de lecture de l’ouvrage de Stanislas Dehaene, Apprendre.
Stanislas Dehaene a produit il y a maintenant presque un an un ouvrage « Apprendre » qui introduit auprès du grand public les mécanismes de l’apprentissage. Je vous propose de découvrir dans cet article les notions qu’il y a présentées. Le chercheur en neurosciences distingue en effet quatre éléments qui permettent un apprentissage réussi : l’attention, l’engagement actif, le retour sur erreur et la consolidation.
Comment être attentif
Dehaene définit l’attention comme « l’ensemble des mécanismes par lesquels notre cerveau sélectionne une information, l’amplifie, la canalise et l’approfondit ». Elle est nécessaire car nous sommes sans cesse bombardés d’informations et nous nous devons de les trier afin de ne pas en être submergés. Il s’agit là d’un mécanisme naturel, mais qui peut être développé tout au long de la vie ! L’auteur distingue ainsi trois types de système attentionnel :
-L’alerte qui va nous indiquer si nous devons prêter attention ou non.
-L’orientation de l’attention qui nous indique à quoi faire attention. Ce qui veut dire qu’il est primordial de savoir à quoi faire attention pour y consacrer toutes nos ressources, d’où l’importance pour les formateurs de délivrer cette information aux apprenants.
-Le contrôle exécutif qui va déterminer comment nous allons traiter l’information ciblée par l’attention, c’est en quelque sorte ce système qui va définir et mettre en place notre plan d’action.
Comment mémoriser activement
Apprendre veut dire être actif, mais cela ne signifie pas que nous devions pour autant bouger physiquement. En réalité, on entend par là que nous devons être attentif et en train de traiter et structurer l’information pour la stocker en mémoire. Cela signifie donc qu’une simple lecture de cours n’est pas suffisante. Il faut approfondir l’information, la sélectionner, et enfin l’apprendre, par exemple en se testant.
Stanislas Dehaene souligne logiquement l’efficacité de la curiosité, excellent moteur pour apprendre activement et qui peut donc être utilisée par les enseignants et formateurs pour motiver leurs apprenants.
L’importance du retour sur erreur
Il est également fondamental de comprendre que le cerveau n’apprend pas lorsqu’il ne perçoit pas de décalage avec ce qu’il avait anticipé. Ce qui veut dire que nous ne pouvons apprendre qu’en nous trompant, ou au minimum en étant surpris ! S’il y a effectivement erreur, il va être primordial de donner un retour sur cette erreur, qui va permettre de déterminer précisément pour quelle raison il y a eu erreur et sur quel point, rendant possible une progression. Pour pouvoir produire des erreurs, se tester va donc être particulièrement important, ce qui est prouvé par des études qui mettent en place des groupes se testant ou non pour apprendre. Par ailleurs, pour un apprentissage de qualité et plus pérenne, il va être déterminant de fractionner les contenus (en évitant l’apprentissage massé) et de les espacer dans le temps. Pour réaliser un apprentissage court terme, le plus efficace est de déterminer des intervalles courts et pour un apprentissage long terme, d’espacer progressivement l’intervalle.
Comment consolider ce qu’on apprend
Une fois une information stockée en mémoire, il importe de la consolider. Prenons l’exemple de la lecture, la consolider va signifier la rendre automatique, afin qu’elle n’interfère pas avec d’autres opérations. Lorsque la consolidation est effective, elle permet de libérer des ressources du cortex pour les autres opérations. Si nous gardons l’exemple de la lecture, le fait qu’elle soit automatique permet par exemple de se concentrer sur le contenu d’un cours.
Le grand mérite de cet ouvrage est ainsi de formuler très simplement les enjeux de l’apprentissage, d’une manière accessible tout autant pour l’apprenant que pour les formateurs. A eux, ensuite, de transformer ces connaissances en tactiques ou techniques pour apprendre ou enseigner.
Noémi Pineau pour StudySUP